Entre tourisme local et loisir sportif

L’engouement pour la randonnée à pied s’est encore accentué en raison du Covid tout en se conjuguant à l’écotourisme local, tendance de fond, avec d’une part l’interdiction de se déplacer trop loin pendant plusieurs mois et d’autre part, la perspective de redécouvrir la nature et les 180 000 kilomètres des sentiers de randonnée (dont 700 GR, Grande Randonnée) et de trekking qui parcourent nos territoires.

Des besoins nutritionnels spécifiques

Lorsqu’ils dépassent la simple sortie « à la journée », les randonneurs sont immanquablement confrontés au dilemme de l’alimentation nomade et avec elle, ce choix cornélien que les Américains présentent ainsi : Eat for fun or eat for fuel? Manger gras et sucré en sachant que l’effort physique permettra de brûler les calories excédentaires (eat for fun) ou mesurer la valeur nutritionnelle de chaque aliment ingéré (eat for fuel), au risque d’y perdre le plaisir de se nourrir ?

Fort heureusement, la grande variété d’aliments et la disponibilité des denrées permet de ne plus devoir faire de choix entre énergie, plaisir et santé. Même si certains randonneurs préfèrent transporter des aliments prêts à l’emploi, surembalés et pas forcément sains et/ou savoureux, ils sont aussi de plus en plus nombreux à faire le choix de préparer en amont leurs propres rations maison, favorisant ainsi la diversité mais aussi, la qualité nutritionnelle… et le goût ! Trois raisons qui permettent de maintenir la pause repas comme un rituel (et non un mal nécessaire) dans un contexte de convivialité et de plaisir partagé.

De la contrainte naît l’inventivité

Qu’il s’agisse du professeur Tournesol ou de Raphaël Haumont, les scientifiques et cuisiniers qui réfléchissent aux repas à prendre en conditions extrêmes sont inévitablement soumis à une double-contrainte : le volume et le poids par rapport à la charge calorique.

Les marcheurs doivent réfléchir à leur alimentation selon un « triangle d’or » bien connu : une densité calorifique accrue pour un poids et un volume minimisés. Aux besoins du métabolisme basal, calculé en multipliant son poids par vingt (par exemple, je fais environ 80kg, il me faut déjà 1600kcal pour fonctionner) s’ajoutent les besoins d’énergie liés à l’effort physique (7 à 8h de marche, avec un poids sur le dos) et à la température extérieure (car oui, tout le monde ne randonne pas au joli mois de mai). Si Thomas Pesquet a besoin de 3000kcal par jour dans l’espace, imaginez combien il vous en faut pour partir à l’attaque du GR 20 !

On réfléchira donc à limiter l’eau (aliments secs, déshydratés, lyophilisés), à privilégier les aliments très nutritifs (sucres lents pour la durée, sucres rapides pour les pointes, sans oublier les fibres) tout en optimisant l’espace (emballages souples réutilisables, en évitant les suremballages inutiles) : : tout autant d'astuces à découvrir dans notre cours La cuisine du randonneur !

Et le matériel ?

On y réfléchit donc à deux fois avant d’accessoiriser inutilement son barda !  Il est toujours question de faire un compromis entre une cuisine de fortune et le plaisir de prendre le temps de faire un repas. Il y a bien sûr les impondérables – réchaud, gaz, casserole – mais on remarquera que gagner de la place (et ainsi alléger le sac !) tient aussi du bon sens : pas besoin de fourchette, par exemple (les derniers réfractaires pourront s’équiper d’une spork, ustensile en forme de cuillère (spoon) terminé par des dents de fourchette (fork)) ; pas besoin d’une assiette et d’une tasse quand un bol, si possible rétractable, peut faire usage des deux. On n’oubliera pas une pochette isotherme, qui permet de réhydrater un repas chaud sans déperdition de chaleur (et qui servira d’isolant lorsqu’on privilégie une cuisson parabolique) ; c’est la freezer bag method couplé à la méthode du one pot, technique bien connue des amateurs de batch cooking !

Les marcheurs qui partent en équipe tâcheront de diviser et repartir le poids des équipements collectifs, lointain héritage des habitudes militaires des soldats qui devaient transporter, en plus de leurs effets personnels, l’outillage et les minutions. Même si on est bien loin des 35kg d’un Poilu dans la Somme, notez qu’un sac de randonnée pèse à peu près 10% du poids du marcheur – jusqu’à 15 ou 20% pour les plus expérimentés.

Alors, tentés ? à vos popotes et sacs à dos !

S’orienter : les sites Sentiers en France et AllTrails ; Chilowe pour des idées de micro-aventures ; les applis Spyglass, Peakfinder... Et d'autres ! 

S’équiper : les marques Au Vieux Campeur, Quechua, Lafuma

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